Catastrophe écologique évitée de peu dans la partie flamande de l’Escaut

22/06/2020

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Grâce à l'injection d'oxygène la faune aquatique a pu être sauvée. Le Mobile Oxygen Vessel de Cryotainer, une solution qui a de l'avenir pour maintenir la qualité de l'eau.


Tout a commencé le 9 avril 2020. Pendant la nuit, une brèche s’est formée dans les bassins d’une usine alimentaire proche de Cambrai, en France, libérant environ 100 000 m³ d’eaux usées dans l’Escaut. Ces eaux usées contiennent des quantités importantes de bactéries qui extraient massivement l’oxygène de l’eau, provoquant la mort de milliers de poissons. Dans les jours suivants, la pollution s’est déplacée progressivement en aval, en direction de la Belgique…

La Wallonie et la Flandre

Le 20 avril, les premiers poissons morts sont observés dans la commune wallonne d’Antoing, à proximité de la frontière avec la France. À peine trois jours plus tard, la Région wallonne estime le taux de mortalité des poissons dans la partie wallonne de l’Escaut – sur une longueur d’environ 36 km – à 50 à 70 tonnes. Heureusement, la Région wallonne communique à temps sur la pollution, qui se dirige entre-temps vers la Flandre.

Dès que la Vlaamse Milieumaatschappij, la société flamande pour l’environnement, a pris connaissance de la pollution, elle a immédiatement placé plusieurs appareils de mesure de l’oxygène à différents endroits dans l’Escaut. « Ils mesurent en permanence le niveau d’oxygène dans l’eau », précise la ministre flamande de la Justice, du Maintien, de l’Environnement, de l’Énergie et du Tourisme, Zuhal Demir. « Cela permet de suivre les résultats en ligne en temps réel. Sur cette base, les responsables de la gestion de l’eau peuvent prendre des mesures adaptées. »

Et c’est précisément ce qui se passe peu après. La société De Vlaamse Waterweg a souhaité ajouter des quantités importantes d’oxygène dans l’eau afin d’éviter la mort massive des poissons. Le 22 avril, De Vlaamse Waterweg a contacté Air Liquide pour lui demander si elle est en mesure de mettre en œuvre à très court terme les installations et la main-d’œuvre nécessaires pour éviter la catastrophe qui se préparait.

Course contre la montre

« À partir de là, c’est allé très vite », explique Rudy Lamond, Growth & Innovation Leader pour la division Water Treatment d’Air Liquide. « Nous nous sommes immédiatement mis au travail pour déterminer si nous pouvions mettre à disposition les effectifs et le matériel dans les temps. Une course contre la montre, car la pollution s’approchait rapidement. »

En 24 heures, Air Liquide a pu confirmer à De Vlaamse Waterweg qu’ils étaient en mesure de livrer à temps le matériel demandé – qui permettait de pomper rapidement de grandes quantités d’oxygène dans l’Escaut. « Notre proposition a été approuvée à l’unanimité par De Vlaamse Waterweg, et moins de 24 heures plus tard, l’installation était déjà opérationnelle. Heureusement, car à peine 2 heures plus tard, la pollution faisait déjà son apparition. »

1 500 trous

Le bassin de virage de Semmerzake s’est révélé l’emplacement idéal pour ajouter l’oxygène dans l’eau de l’Escaut. L’installation d’Air Liquide et de Cryotainer (une filiale d’Air Liquide) qui devait s’en charger comprenait un Mobile Oxygen Vessel – c’est-à-dire une semi-remorque équipée d’un réservoir d’oxygène liquide et d’un évaporateur pour la gazéification de l’oxygène -, une armoire de dosage et un boîtier de commande ainsi que six injecteurs Poroxal (cadres d'injection d'oxygène poreux).

« Ce sont des cadres sur lesquels est fixé un tuyau d’air avec 1 500 trous par mètre courant. Cela crée de petites bulles d’air, qui assurent une surface de contact plus importante que les bulles d’air plus grandes. De plus, les petits bulles remontent plus lentement à la surface, de sorte que le transfert d’oxygène est plus élevé. Indépendamment de cela, l’impact des injecteurs Poroxal est aussi largement supérieur du fait que nous utilisons de l’oxygène pur. L’oxygène pur se compose à 99,5 % d’oxygène, tandis que l’air pompé ne contient que 21 % d’oxygène. L’installation a injecté 150 kg d’oxygène pur par heure dans l’eau de l’Escaut. Cela a créé une zone enrichie en oxygène dans le bassin d’évitage et un panache enrichi en oxygène en aval », explique Rudy Lamond.

« Grâce à cette intervention rapide – ainsi qu’aux efforts collectifs des différents pouvoirs publics et entreprises industrielles – nous avons réussi à sauver 95 % des poissons en Flandre et nous avons ainsi pu éviter le risque de perte de la biodiversité. »

Plans d’avenir

Convaincue des résultats qui peuvent être obtenus avec une telle installation, la société De Vlaamse Waterweg a investi dans un tuyau d’air poreux de 800 mètres, qui peut être raccordé à un Mobile Oxygen Vessel.

« Il est certainement judicieux de garder des installations de ce type à disposition – qu’elles soient structurelles ou mobiles – afin d’éviter une catastrophe éventuelle dans le futur. Et nous ne parlons pas seulement de calamités, comme celle examinée ici. »

« Le système peut aussi être utilisé pour lutter contre la formation excédentaire d’algues bleues dans les étangs, par exemple. En raison du réchauffement climatique, les périodes prolongées de sécheresse deviennent de plus en plus courantes et elles se terminent souvent par de fortes intempéries. Suite aux précipitations excessives, une quantité importante de nutriments se retrouve alors dans l’eau, causant une forte hausse de la quantité d’algues bleues. Celles-ci produisent toutefois des toxines, et constituent donc une menace pour la qualité de l’eau potable. »

« Air Liquide a récemment mis en service une installation équipée d’injecteurs d’oxygène Poroxal dans la Seine. Si les précipitations dans la région sont trop fortes en un court laps de temps, il se peut que les stations d’épuration des eaux usées ne puissent pas traiter les grandes quantités d’eau. De ce fait, les eaux usées des égouts – l’eau de pluie et les eaux usées ne sont pas encore séparées dans la région – se retrouvent dans la Seine. Dans le passé, cela a déjà occasionné à plusieurs reprises la mort massive de poissons. Grâce à la nouvelle installation, cela peut désormais être évité. »

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