E-Trucks Europe construit des camions équipés d’un système de propulsion à l’hydrogène

« Bien entendu, l’objectif est qu’un camion transporte le plus de marchandises possibles »

En 2010, l’entreprise E-Trucks Europe, située à Westerhoven, aux Pays-Bas, commence à concevoir et à construire des camions zéro émission. À l’origine, le groupe motopropulseur se limitait à un bloc-batterie mais, au fil du temps, certaines contraintes d’autonomie se sont révélées. La solution pour y remédier consiste à ajouter un « range extender » (prolongateur d’autonomie) sous la forme d’une pile à combustible à hydrogène…

« En 2013, nous avons décidé de développer un groupe motopropuleur basé sur l’hydrogène », débute André Beukers, Managing Director E-Trucks Europe. « À l’aide d’une pile à combustible, l’hydrogène est transformé en électricité. Le résultat ? Une autonomie et une durée d’utilisation beaucoup plus importantes. De plus, le plein se fait en moins de dix minutes. Cela donne une expérience utilisateur complètement différente de celle d'un camion à batterie traditionnel, qui doit passer de nombreuses heures par jour branché au chargeur, tout en espérant que le réseau électrique local dispose d'une capacité suffisante. »

Architecture à 3 essieux en raison d’une structure énergivore

La société E-Trucks Europe est spécialisée dans la construction de camions à 3 essieux - principalement destinés à un transport urbain et comportant une « structure énergivore ». Ce sont des camions dont le groupe motopropulseur consomme à peu près autant d’énergie que les équipements qu’ils transportent. Pensez par exemple aux installations sur les bétonnières, les bennes à ordure, les systèmes de grues mobiles, etc. Les camions dotés de telles superstructures peuvent être très lourds. Pour éviter que leur poids n'endommage les voies publiques, ils sont équipés de trois essieux. La pression est alors répartie sur un plus grand nombre de roues, limitant l'effet d'usure de la route.

«C'est un véritable défi de développer un groupe motopropulseur sans émissions, avec une longue autonomie, pour ce type de véhicule. Il y a beaucoup moins d'espace disponible que sur un camion à deux essieux. Notre système - très compact et relativement léger - est une très bonne solution à cet égard. Il ne doit en outre pas nécessairement être monté sous le véhicule. Nous le plaçons souvent sur le toit ou derrière la cabine. »

Dix minutes de ravitaillement, deux jours de conduite

E-Trucks Europe n’a évidemment pas développé ce groupe motopropulseur en un seul jour. « Nous avons expérimenté plusieurs solutions, avec à chaque fois certaines limites d’un point de vue technique. Le meilleur résultat est un groupe motopropulseur composé d’un prolongateur d’autonomie à hydrogène de 45 kW, et d’un bloc-batterie de 136 kWh. Après un plein de dix minutes, vous pouvez l’utiliser pendant deux jours dans le centre-ville.

Aujourd’hui, une dizaine de camions E-Trucks sont déjà en circulation et 40 autres sont en cours de production. Les camions - équipés ou non d’un groupe motopropulseur traditionnel - sont livrés par la société DAF, après quoi E-Trucks Europe intègre son propre groupe motopropulseur. Le camion est alors officiellement immatriculé sous la marque E-Trucks Europe. « Nous exécutons un travail 100 % sur mesure. C'est pourquoi il faut environ 24 mois après la commande avant qu'un camion puisse être livré ».

Production multipliée par cinq en raison d’une demande croissante

« Nous avons atteint notre capacité de production maximale de 50 camions par an. La demande du marché étant bien plus élevée, nous voulons multiplier cette capacité de production par 5 d’ici cinq ans. Pour y parvenir, nous ajouterons un nouveau site de production, en plus de nos deux sites actuels à Westerhoven et Lommel (Belgique). »

Il va de soi que le succès d’E-Trucks Europe est étroitement lié à la demande croissante de véhicules zéro émission. « La popularité de l’hydrogène pour cette application augmente rapidement. Cela parce que les utilisateurs et les autorités communales prennent conscience que les batteries comportent trop de limitations en termes de durée d’utilisation et d’expérience utilisateur. Cela peut être résolu en installant des blocs-batteries plus gros et plus lourds, mais le prix augmente alors de manière significative (alors que la place disponible diminue). S’ajoute à cela le fait que les parties intéressées tiennent de plus en plus compte des limites de disponibilité du réseau électrique. »

Passage à l’hydrogène

« La ville de Groningue est un bon exemple de cette approche. Ils ont d'abord expérimenté les véhicules électriques pendant plusieurs années, mais les petits tracas pour empêcher les batteries de se vider prématurément rendaient les travailleurs nerveux, n'osant pas utiliser les véhicules à pleine capacité. L’administration communale a alors décidé de commander un premier camion à hydrogène E-Trucks Europe. »

« Naturellement, il n’y a pas encore suffisamment de stations à hydrogène disponibles à l’heure actuelle mais tout indique aujourd’hui que ce chiffre augmentera fortement dans les prochaines années. Nous remarquons à chaque fois que la demande de camions à hydrogène dans une région spécifique augmente soudainement dès qu’une station à hydrogène est installée dans les environs. »

Ambition commune

« Air Liquide et E-Trucks ont l’ambition commune de promouvoir l’hydrogène. Nous sommes donc très enthousiastes concernant les projets d’Air Liquide visant à mettre en place, dans le cadre de HyTrucks, un vaste réseau de stations à hydrogène également adapté aux véhicules lourds. »

« En outre, nous sommes souvent amenés à rencontrer Air Liquide dans le cadre de divers projets autour de l’hydrogène et auprès du Waterstof Industrie Cluster, dont nous sommes tous deux membres. »

Expérience de ravitaillement similaire

« L’hydrogène met un terme aux inconvénients des véhicules électriques, tandis qu’il offre les mêmes avantages : aucune émission de CO2, aucune émission de NOx et de particules fines et plus de bruits gênants inhérents au moteur à combustion. Dans un environnement urbain, ce dernier argument pèse d’ailleurs considérablement. »

Il y a toujours une forme de résistance à changer ses habitudes. L’expérience d’un ravitaillement en hydrogène se doit donc d’être particulièrement agréable. Le temps de recharge, similaire à un plein d’essence ou de diesel, est également un aspect important. Recharger un véhicule électrique est plus complexe. Il est vrai qu’un nombre croissant de bornes de recharge sont installées, mais elles sont souvent prises d'assaut. Et si elles sont libres, il faut encore espérer que vous disposiez de la carte de recharge adéquate. »

« Donc oui, nous croyons résolument à l’hydrogène. Grâce à l'intérêt important et rapidement croissant du marché, nous voyons une base de soutien de plus en plus étendue pour cette technologie. Ce mouvement va encore s’accroître à mesure que la quantité d’hydrogène recyclable augmentera. Air Liquide y travaille.

Par ailleurs, nous avons ouvert ici à Westerhoven un Hydrogen Experience Center, où nous partageons des informations et des connaissances, et où nous formons des chauffeurs et mécaniciens. »

Au cours des 50 dernières années, Air Liquide a acquis une expertise approfondie de l’ensemble de la chaîne de valeur l’hydrogène (production, stockage, distribution, services). Nous sommes de ce fait en mesure de proposer des solutions personnalisées de pointe et de garantir un approvisionnement ininterrompu en hydrogène 24h/24 et 7j/7. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez obtenir des informations supplémentaires.