Le port d’Anvers-Bruges met sa transition énergétique en oeuvre

02/05/2023

Decarbonising industrial combustion processes with hydrogen

« Air Liquide joue un rôle majeur dans le développement de l’hydrogène bas-carbone. »

Maxime Peeters est responsable du programme hydrogène des ports d'Anvers et de Bruges (qui ont aujourd'hui fusionné pour devenir le Port d’Antwerp-Bruges). Son rôle consiste à faciliter et à déployer la chaîne de valeur de l'hydrogène.

Et compte tenu de l'ambition du gouvernement belge, cela sera plus que nécessaire. Un rapport sur la stratégie fédérale en matière d'hydrogène indique que la Belgique « importera des quantités importantes de molécules d’hydrogène et de dérivés d’hydrogène renouvelables (20 TWh en 2030 et entre 200 et 350 TWh en 2050) pour couvrir sa demande intérieure ainsi que les activités de transit vers les pays voisins ». La majeure partie de ce flux d'importation passera par les ports de Bruges et d'Anvers.

En outre, l'hydrogène est de plus en plus produit directement dans les zones portuaires, la part du bas-carbone s’élargissant de plus en plus. Enfin, les ports sont également de grands consommateurs d'hydrogène. Le plus grand pôle chimique intégré d'Europe se situe, par exemple, dans le Port d’Anvers-Bruges.

Le deuxième plus grand port d’Europe
Au printemps 2022, les ports d'Anvers et de Bruges ont fusionné. Le port est le deuxième plus grand de l'UE, avec un débit de 287 millions de tonnes de marchandises par an. Pour les exportations, c'est le plus grand port d'Europe. Un autre chiffre important est le volume de stockage disponible en réservoirs (liquides et gazeux), qui s'élève à 9 millions de mètres cubes, l’équivalent d’environ 3 000 piscines olympiques. Ces réservoirs sont bien sûr fortement utilisés, et pourraient également l'être dans le cadre de la transition énergétique, avec ou sans modifications supplémentaires.

La transition énergétique fut l'un des moteurs de la fusion des deux ports.. « Parce que nous sommes plus forts ensemble en tant que plateforme fusionnée », précise Maxime Peeters. « Notre plate-forme logistique et de production a un impact majeur sur la transition énergétique en raison de son échelle et de l'approche synergique possible ici. Cela est dû à l'ampleur de l'activité industrielle à haute intensité énergétique qui se développe ici dans une zone relativement compacte. Tout cela nous permet de jouer un rôle important dans la transition énergétique, pour nous-mêmes et pour les autres. »

Durabilité et prospérité vont de pair
« Nous devons devenir climatiquement neutres, cela ne fait aucun doute. Si nous voulons rester pertinents à l'avenir, nous devons veiller à fournir des approvisionnements en énergie et en matières premières neutres sur le plan climatique, qui soient compétitifs en termes de coûts et dont la sécurité d'approvisionnement soit garantie. Ce n'est qu'ainsi que l'industrie pourra continuer à opérer ici, à la fois pour la viabilité de la planète et pour assurer notre prospérité. Les deux vont de pair ».

« Le port d'Anvers-Bruges veut être neutre sur le plan climatique d'ici 2050 et l'hydrogène y contribuera de manière significative. Cette molécule est essentielle pour l'industrie locale, par exemple comme matière première pour les produits chimiques ou pour la production de vapeur. L'électrification, basée sur les énergies renouvelables, est également nécessaire. Nous n'avons pas le luxe de pouvoir choisir entre hydrogène et électricité : nous avons besoin des deux. »

« Nous produisons déjà beaucoup d'hydrogène dans le Port d’Anvers-Bruges – avec Air Liquide comme acteur principal – mais, compte tenu de l’explosion de la demande, nous allons aussi devoir en importer. Il n’y a simplement pas assez de vent, de soleil et d’espace pour produire tout l'hydrogène renouvelable nécessaire à la transition énergétique du continent européen. »

Parcs solaires au format XXL
À l’heure actuelle, plusieurs parcs éoliens et solaires sont en cours de construction, où l'électricité renouvelable produite est immédiatement convertie en hydrogène. Pour les panneaux solaires, il s'agit de parcs à grande échelle qui sont construits dans des régions très ensoleillées – Afrique, Moyen-Orient, Europe du Sud, Amérique du Nord et du Sud – et où une usine d'hydrogène (basée sur l'électrolyse) est directement intégrée au projet.

La perte d'énergie causée par la conversion de l'électricité en hydrogène et le coût supplémentaire lié au transport vers le pays de destination sont largement compensés par le rendement bien supérieur du soleil et du vent. La situation est donc extrêmement favorable : le Benelux (et par extension l'Europe) reçoit de l'hydrogène renouvelable en abondance, à un prix raisonnable et provenant de différents endroits du monde.

Transport (de dérivés) d'hydrogène par bateau
L'hydrogène peut être lié à d'autres éléments pour former de l'ammoniac, du méthanol, du méthane synthétique et des Liquid Organic Hydrogen Carriers (liquides organiques porteurs d’hydrogène). L'ammoniac et le méthanol peuvent ensuite être à nouveau décomposés (« craqués ») en hydrogène ou être utilisés directement comme carburant ou composant chimique.

« L'ammoniac et le méthanol sont déjà aujourd’hui transportés à grande échelle par bateau, et le port dispose déjà d'une infrastructure pour importer et stocker ces vecteurs d’hydrogène. De plus, des projets concrets sont sur la table afin d’augmenter drastiquement cette capacité à court terme. »

« L'ammoniac et le méthanol seront d'ailleurs aussi utilisés comme carburant renouvelable pour le trafic maritime. D'ici 2024/2025, on peut s'attendre à voir ce genre de navires sur les eaux ».

L'hydrogène à grande échelle   
« Une feuille de route hydrogène à grande échelle sera déployée dans le port d'Anvers-Bruges, d'ici 2030. Cette stratégie prévoit une utilisation plus large de l'hydrogène, ainsi que l'importation de grandes quantités d'ammoniac, de méthanol, de méthane synthétique et de vecteurs d'hydrogène organiques liquides, qui pourraient être re-craqués en hydrogène. Tout cela en complément et en synergie avec l'hydrogène qu'Air Liquide produit déjà dans la zone portuaire. »

« Une partie de l'hydrogène (et ses vecteurs) sera utilisée sur place par les différentes industries de la zone portuaire. Le reste sera transporté par pipeline, par chemin de fer ou par voie navigable vers des pays voisins ».

Remorqueurs et engins portuaires
« Le port lui-même va également utiliser l'hydrogène pour accroître la durabilité de ses actifs. Par exemple, un remorqueur - l'Hydrotug - fonctionnant avec un mélange de deux carburants (80 % d'hydrogène et 20 % de diesel) sera mis en service cette année. Un deuxième remorqueur sera converti pour fonctionner au méthanol et au diesel. »

« Les engins portuaires tels que les chariots cavaliers (lève-conteneurs) peuvent également être alimentés par l'hydrogène. Il y a deux ans, nous avons déjà réalisé un essai réussi ici avec un tracteur de terminal et un chariot élévateur ('Hydrolog') fonctionnant à l'hydrogène, en partenariat avec Air Liquide. »

Le rôle d'Air Liquide
« Air Liquide est le plus grand producteur d'hydrogène dans la zone portuaire. Il dispose d'une grande expertise opérationnelle et il est clair qu'il joue également un rôle important dans les développements autour de l'hydrogène à faible teneur en carbone. Par exemple, Air Liquide a récemment annoncé la construction d'une nouvelle usine dans le port pour convertir, par craquage, l'ammoniac en hydrogène. L'usine sera opérationnelle dès 2024, ce qui en fait un véritable pionnier. Bref, nous côtoyons constamment Air Liquide dans le contexte de l'hydrogène, également parce que nous sommes partenaires via les initiatives HyTrucks et Antwerp@C. »

Le projet HyTrucks vise, dans le triangle formé par les ports de Rotterdam, d'Anvers et de Duisbourg, à mettre en service 1 000 camions à hydrogène d'ici 2025, ainsi que 25 stations d’hydrogène. Antwerp@C est un projet de capture et de stockage du carbone (Carbon Capture & Storage) à grande échelle, mené par sept entreprises chimiques et énergétiques de premier plan, qui captureront et transporteront le CO2 vers un lieu où il pourra être stocké en toute sécurité et de manière permanente. L'objectif est de réduire de moitié les émissions de CO2 dans le Port d’Anvers-Bruges d'ici 2030.

« Ce qui rend la collaboration avec Air Liquide intéressante, c'est qu'ils assurent différents rôles et possèdent une grande expertise dans la chaîne de valeur de l'hydrogène : non seulement en tant que producteur, fournisseur et transporteur, mais aussi en tant qu'accélérateur de nouvelles technologies telles que le craquage de l'ammoniac. »

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