Un bus urbain qui roule à l'acide formique
11/09/2017
Une innovation remarquable pour améliorer la qualité de l'air
Permettre de respirer de l'air pur : c'est l'une des pierres angulaires de la stratégie durable d'Air Liquide. Pour atteindre son objectif, la société travaille activement à diverses solutions destinées à améliorer la qualité de l'air. L'une d'entre elles, un bus urbain révolutionnaire roulant à «l'hydrozine», a été développée par l’équipe Team FAST.
Air Liquide ne se contente pas de proposer des innovations en matière de durabilité, elle finance aussi des projets universitaires prometteurs tels que le bus urbain à l'hydrozine de Team FAST (Formic Acid Sustainable Transportation).
Team FAST est une équipe d’étudiants rattachée à l'Université technique d'Eindhoven comptant 35 membres. L'équipe planche sur un projet de bus urbain roulant à «l'hydrozine», une substance liquide composée à 99%* d'acide formique (également appelé acide méthanoïque).
L'hydrozine, source de courant électrique
L'hydrozine n'est pas un carburant en soi , mais il le devient lorsqu'un «reformeur» le scinde en hydrogène et en CO2, lorsque le véhicule roule.
L'hydrogène alimente alors une pile à combustible, qui le transforme en courant électrique. Le système de propulsion inventé par Team FAST pour un bus urbain génère un courant de 25 kW, ce qui correspond à une puissance de 30 à 35 ch. C'est suffisant pour propulser un bus, même si ce n'est pas à une vitesse fulgurante.
Neutre en CO2 et sans danger
Comme le dispositif (composé d'un réservoir à hydrozine, du « reformeur » et de la pile à combustible) est encore trop volumineux, il est hébergé dans une sorte de remorque appelée «REX» ou «Range Extender» attachée à l'arrière du bus.. Le bus électrique de la marque VDL bénéficie, dans le projet test actuel, de 200 km d'autonomie supplémentaire grâce à l'acide formique contenu dans le REX qui lui est adossé.
Le système hydrozine/REX est neutre en CO2, durable et sûr. Cette technologie offre de réelles possibilités d'amélioration de la qualité de l'air dans les villes et les communes. La substance présente par ailleurs de nombreux avantages pratiques. Citons notamment la densité énergétique de l'hydrozine, quatre fois plus élevée que celle d'une batterie classique, ainsi que sa forme liquide.
Si le projet de bus urbain en est encore à la phase de test, l'équipe a déjà réussi à mettre en marche une maquette de Porsche 911 d'une longueur d'1 m à l'aide de la même technologie. La raison pour laquelle Team FAST a choisi de travailler sur un bus est qu'il existe peu de solutions alternatives durables dans ce domaine.
Les sociétés de bus sont dès lors très attentives quand on leur parle d'un système de propulsion alimenté par une source d'énergie renouvelable, offrant une autonomie de 400 km et permettant de faire rapidement le plein.
Une pile à hydrogène?
«Produire de l'énergie verte en utilisant intelligemment les sources naturelles telles que le soleil, le vent et l'eau est déjà un défi de taille en soi, en tout cas si l'on veut le faire de façon réellement durable, économique et rentable. Stocker et acheminer cette énergie une fois produite est encore plus difficile», explique André Vredenburg, Research & Analysis Sales Representative chez Air Liquide.
«Utiliser l'hydrozine comme vecteur d'hydrogène (on peut en fait la considérer comme une sorte de pile à hydrogène) constitue sans aucun doute une innovation prometteuse, qui permet d'emmagasiner de l'énergie à haute densité dans un véhicule.»
Prochaine étape: prototype REX opérationnel
«Nous sommes ouverts à toutes les inventions pertinentes susceptibles d'améliorer la qualité de l'air et nous nous efforçons d'y apporter notre contribution, qu'elle soie technique, financière ou les deux à la fois. Dans cette optique, nous travaillons volontiers avec des universités et des étudiants, car ils sont ceux qui façonnent l'avenir. Nous avons été ravis de participer à ce projet et il nous donne l’envie de continuer dans cette voie.Team FAST devrait disposer d'un prototype REX opérationnel d'ici la fin de l'année. Nous envisagerons alors le rôle que pourrait jouer Air Liquide dans le développement de cette technologie.»
*Le pour cent restant est un additif permettant d'utiliser également l'acide formique à basse température.